Histoires déjà écrites

 

Ici vous pouvez voir quelques couvertures & pages de dos d'histoires de vies écrites par mes soins pour le compte de diverses personnes.
Deux sont présentées un peu plus largement ci-dessous car elles ont eu vocation à être rendues publiques par édition de livres.

 

Au plaisir d'écrire pour vous ... ou vos proches !

 Ce livre est l'histoire de vie d'une factrice originale. Il intéressera même des personnes qui ne l'ont pas connue. Il vous permettra de mesurer l'intérêt de la mise en forme écrite de votre propre existence.

 

Le texte qui accompagne la couverture est celui de la 4ème de couverture (dos du livre) ; j'y mets toujours en valeur le héros ou l'héroïne de chaque récit de vie

 

Le premier extrait date de son enfance ; le second de ses débuts de vie en région parisienne. J'ai juste remplacé les éventuels noms propres

La Trottinette Pontoise

Renée est une femme de tempérament, mais aussi d'enthousiasme. Elle porte la joie en elle et a cherché, peut-être sans le vouloir vraiment, mais très naturellement à la communiquer à ses proches.

Tout au long de sa vie, on pourrait presque dire, ses vies, elle n'a eu de cesse de prendre le dessus sur l'adversité. Cette dernière s'est pourtant présentée à elle sous des jours parfois tragiques.

Au final d'aventures qui, de son village natal l'ont conduite en banlieue parisienne, puis fait revenir dans son cher pays, comme le disait le poète Ronsard, elle respire le bonheur. Puissent tous ses lecteurs en prendre de la graine pour conduire leur vie avec un tel dynamisme.

Elle va continuer de couler des jours heureux, riche de ses valeurs intérieures et d'un entourage familial, qui bien que s'étant d'un côté cruellement réduit, a retrouvé une dimension nouvelle dans le cours du temps qu'elle a consacré à mettre en forme son histoire de vie. Comme quoi, dire les choses peut parfois faire bouger des équilibres vers des satisfactions nouvelles, indispensables quand le temps personnel défile vers sa propre limite.

Appréciez ce récit d'une vie bien menée, et si vous le pouvez imprégnez-vous du souffle énergique qui a toujours animé cette femme charentaise.

Extrait numéro 1 - l'enfance mise en récit

De là on pouvait voir tous les mouvements dans la cour sans être vu. J'y passais de longs moments, à lire mon roman dans Rustica.

 

Chez mes parents, je lisais souvent le soir dans mon lit. Ma mère s'en étant aperçue, elle coupait le compteur électrique avant son coucher. Ma soif de lecture était telle que, les soirs de pleine lune, je m'asseyais sur le rebord de ma fenêtre et je bouquinais à la lueur lunaire. Fallait être jeune pour faire cela ! Puis j'ai pu acheter une lampe de poche et alors là, je lisais ainsi tranquillement, cachée sous mon gros édredon de plumes.

Cela m'est toujours resté car aujourd'hui je dors peu ;  le soir il est fréquent que je lise un roman entier avant de m'endormir.

 

Du temps de mon enfance, nous ne sommes jamais partis en vacances. Ça n'était pas dans la culture et les moyens de mes parents. La ferme et les animaux exigeaient une présence quotidienne. Quand j'étais petite, avant la naissance de mon premier frère, quelquefois, nous allions passer une journée à la mer, avec la grosse moto de mon père, mais sans plus. Ma mère était casanière comme pas deux !

 

Je dois préciser que je suis partie de la maison familiale très jeune. En effet, j'avais des facilités pour apprendre. Je n'ai donc pas passé le certificat d'études, qui clôturait les études primaires, mais le concours d'entrée en sixième. Ceci avec l'appui très actif de mon instituteur de l'école élémentaire monsieur ....... J'adorais les mathématiques et le français, deux matières fondamentales.

Il faut resituer cette exigence dans le contexte de l'évolution de l'enseignement initiée par Jules Ferry dès la fin du dix-neuvième siècle. Un concours national, passé au cours de la classe de CM2, la dernière de l'école élémentaire, donnait seul accès aux cours complémentaires, autrement dit le collège.

Extrait numéro 2 - l'installation en région parisienne mise en dialogue

- Tu me remplis cette feuille et tu me la donnes, c'est moi qui irait la porter.
Huit jours après, j'étais convoquée et j'avais un logement résidentiel sur les bords de la Marne. Toujours à Le Perreux, qui est resté mon port d'attache durant toute ma vie parisienne ; par contre il était cher, alors je l'ai dit à mon patron.

- Oui j'y suis bien, mais je n'y resterai pas parce que ça me bouffe la moitié de mon salaire, avec les charges.

J'avais dû aussi commencer à me meubler, il me fallait tout d'abord un lit. Le patron du magasin où j'avais fait affaire, avait mal au dos. Pourtant il fallait bien me le livrer car je vivais seule encore et n'avais pas d'auto. Comme j'étais costaude, je lui ai dit.

- Je vous aiderai à le monter jusqu'au troisième étage.

- Bon c'est d'accord, alors je vous le porterai ce tantôt.

Une fois qu'il était arrivé là-haut, il était épuisé, il ne tenait plus sur ses jambes ; il a dû s'assoir un moment. Il avait peut-être quarante ans, pas plus, mais il était fragile. On a discuté longuement et à un moment de notre conversation, je lui dis.

- Je ne veux pas acheter grand-chose pour me meubler, parce que je n'ai pas l'intention de rester dans ce logement, vu le prix.

Il me regarda alors fixement et un peu tristement, comme las des choses.

- Quand je pense que dans mon immeuble, j'ai un  logement vide. Ça fait plus de dix ans qu'il est abandonné, mais je n'ai pas la force de le restaurer. Il ne sert à rien, c'est tout à refaire, les papiers, les peintures, oh il y a du travail pour plusieurs jours.

- Et vous le loueriez combien ce logement ?

- Cent-quatre-vingt francs par trimestre, dans l'état où il est, je ne peux demander plus.
Je payais quatre-cent-cinquante francs par mois. Alors vous imaginez tout de suite ma réponse.

 

Cet autre livre est l'histoire de vie d'un bourlingueur à travers le monde. Il n'a malheureusement pas pu être terminé car le héros, âgé de 95 ans lors de nos entretiens est décédé avant la fin de son récit. Il avait un parlé assez direct et a souhaité que ce style soit maintenu dans la forme écrite.

 

Le texte qui accompagne la couverture est celui de la 4ème de couverture (dos du livre) ; j'y mets toujours en valeur le héros ou l'héroïne de chaque récit de vie

 

Le premier extrait date de ses 20 ans, en pleine guerre à La Rochelle ; le second de l'un des chantiers internationaux sur lesquels il a passé l'essentiel de sa vie professionnelle.

La Vie, quel chantier !

 

Robert, dit  Bob, alias Jean Daunis, est un homme qui a bourlingué de par le monde. Il aime à qualifier nombre des circonstances de sa vie de «dingues». C’est un homme, qui physiquement domine le monde, mais avec humilité.

Tout au long de sa vie, et dès son enfance, il était turbulent, révolté et pourtant profondément humaniste. Il a été élevé dans des valeurs d’honnêteté où le sens moral et la justesse des actes et des comportements avait grande place. Il n’a eu  de cesse de garder ces valeurs vives tout au long d’une carrière qui l’a mené, de chantier en chantier de Saint Pierre et Miquelon à Java, en passant par l’Arabie Saoudite, le Rwanda et tant d’autres pays. Il n’a pas été un chef de chantier ordinaire. Il savait être tout simplement humain avec les nombreux ouvriers locaux qu’il a dirigés. Il en a eu de la reconnaissance et l’a appréciée. L’attitude juste envers ses frères humains n’empêche pas l’enthousiasme et la proximité. Comme le conseillait François Villon, il n’a jamais eu le coeur endurci, mais au contraire, il cherchait à se mêler aux populations qu’il embauchait ici et là. ; à être proche, à s’intégrer. Son temps de vie s’avançant grandement, il a ressenti la nécessité de la mise en forme de son histoire de vie. Plongez-y, comme il plongeait pour la pêche aux oursins. Ne craignez rien, ses piquants à lui sont émoussés. Il est toute bonté et humour. N’oubliez surtout pas que dans sa vie, nombre de moments sont «dingues», savourez les à votre tour.

Extrait numéro 1 - la chasse aux espions

            J'ai toujours eu une farouche envie de liberté. Alors, en ce temps de guerre, je ne peux pas accepter que la France soit occupée comme ça par les Allemands. Dans ma famille, on est gaullistes à fond. On écoute la BBC et Radio-Londres. D'un côté il y a les gars qui collaborent avec l'occupant ; de l'autre, tous les résistants. Même sans être alors très actifs, nous sommes de ceux-là avec toute ma famille.

            J'ai failli partir une  première fois. Un bateau rempli de polonais, qui veulent rejoindre les alliées,  est en partance pour l'Angleterre. Mon père est entièrement d'accord. Il a la même idée que moi, mais c'est son fils quand même qui va partir. Il n'aurait pas sa famille, il partirait lui aussi. C'est naturel pour nous. On prend donc la route pour aller embarquer à la Palice, le port marchand de La Rochelle. Je suis à côté de lui, on ne parle pas. Je n'ai pas encore vingt-et-un ans. C'est en route que je réfléchis à ça. Je vais partir quand même. Soudain, je vois mon père avec des larmes. Il ne peut les retenir ; ça me bouleverse. Je dis :

- Papa on fait demi-tour.

            C'est pour cela que j'ai reculé mon départ. Dans ma tête, c'est : oui, je pars, mais comme je n'ai pas 21 ans,  c'est mon père et ma famille qui vont prendre. D'ailleurs ils seront interrogés plus tard.

            Alors j'y viens à cette fameuse chasse aux espions. Nous habitons dans le quartier de la Trompette, à dix minutes du centre-ville vers le nord de La Rochelle. Les Allemands ne sont pas encore là, mais pas loin.

            La défense anti-aérienne française n'est plus. Deux navires ont été coulés dans le port, dont le Champlain, fleuron de la Compagnie Générale Transatlantique. Un soir de l'été 42, avec mon père, on voit des fusées s'allumer à une certaine hauteur dans le ciel. On pense que c'est là, tout près. Mais non : les lanceurs seraient trop vire repérés. C'est plus loin, vers le port certainement. Ça sert pour guider les avions allemands, qui vont bombarder certaines installations ou des navires à quai.

            Mon père prend son fusil et moi, une espèce de fusil pour chasser l'éléphant qu'une voisine m'a fourni. Je ne l'ai même pas essayé ! Nous voilà partis à "la chasse aux espions". Nous sommes trois : un voisin, que nous ne connaissons pas vraiment est venu avec nous, il a un revolver. Il boite, ce qui fait balancer son bras de bas en haut en marchant. Je me dis "S'il doit utiliser son arme, il va viser la tête et tirer dans les pieds !". Il porte une chemise blanche en pleine nuit !

            On marche toujours et toujours. C'est toujours plus loin. On passe devant l'Ecole Normale des jeunes filles, juste au- dessus du chemin de fer  C'est le black-out ; pas de lumières urbaines allumées.

Tout à coup, une bagnole arrive, tous feux éteints. Une bagnole américaine immatriculée en Belgique. Rares en France à cette époque. Son origine : réquisitionnée par les autorités françaises aux Belges exilés après l'envahissement si rapide de leur plat pays. Le gars, un policier français fuit devant les Allemands. Il n'est pas pétainiste et ne se soucie pas de notre virée nocturne. Il est un plus âgé que moi, mais il me reconnaît, du lycée. Il s'arrête et nous prend. On n'a pas de papiers. Arrivés dans le quartier de La Palice, il nous laisse là. On part tous les trois.

            Un fusil-mitrailleur, s'est enrayé pas bien loin. Un des  militaires français se montre, avec pour seule arme : une baïonnette... sans fusil derrière ! C'est un séminariste !

            Les avions arrivent et le bombardement est très bruyant. On se camoufle vite sous un train de marchandises à l'arrêt. Pendant le bombardement on discute philosophie avec ce futur curé.  Quand ça se calme, on regarde les wagons : des citernes à essence !

 

            Soit les allemands ont visé à côté, soit ce n'était pas leur cible pour ce soir.

Extrait numéro 2 - Java

             A Java, je suis là pour la création d'un aéroport international qui doit également servir pour l'armée... sur un marécage !  Oui, oui, vous ne rêvez pas : Un aéroport international sur un marécage.  Il se trouve qu'il est réellement dans la merde ce marécage. Evidemment, on doit changer complètement le plan prévu. J'ai avec moi un bon chef de chantier. C'est grâce à lui, qui est devenu un ami, et un peu grâce à moi qu'on parvient à sauver la situation. Tout ce qui est prévu, ça ne marche pas. Il faut creuser un chenal. Huit-cent-mille mètres cubes de sable sont nécessaires pour stabiliser le sol. C'est un volume énorme.

            Ensuite, le drainage en sous-sol est indispensable. C'est moi qui me le farci. Bien sûr, j'ai plusieurs chefs de chantiers. Un est sur un autre secteur. Je l'amène  là où j'ai besoin de lui et lui dis :

- Vous, vous savez niveler ?

C'est très facile, avec le niveau dans la machine. Je le regarde faire et lui dis :

- Attention, c'est pas comme le sol français, c'est plus profond.

- Oui, oui, je sais, je sais.

            Je m'en vais travailler ailleurs, à plusieurs  kilomètres de là. Il y a des milliers et des milliers de buse à placer pour drainer toute cette surface. Je reviens, un autre jour pour voir ce qu'il a fait : il a foutu la pente dans le mauvais sens. C'est le genre de gars "Je sais faire le boulot, j'ai compris ce que vous voulez", mais ...

            J'ai un principe : je ne dénonce pas les gars. Mais là, je dois rendre compte du boulot mal fait à mon patron :
- Vous savez, je ne peux pas travailler comme ça, le gars, il a fait ça. Il peut sans doute s'occuper des évacuations des baraques ?

            Le patron comprend tout de suite, que ce gars-là, j'en veux pas. Le gars, lui, il comprend pas trop bien. Il a ensuite très bien effectué les évacuations nécessaires à nos logements de chantier.

            Sur ce chantier, le chenal est à peine ouvert, que toute la boue y revient. Il nous faut ramper dans la boue. J'imagine un système de déplacement avec une planche. Comme quand on débute le ski nautique : Pour pas s'enfoncer, on se met à genou dessus on avance un peu comme sur une trottinette large. Une chose est claire : le chantier, là où il est prévu, ça ne marchera pas. C'est là que vous voyez les fumistes.

            Le chenal est parallèle à la rivière locale, la Kalituren (5). Un gars qui m'a précédé a prévu de tout faire arriver par la mer. Il a fait, comme un port pour approvisionner le chantier en sable. Il avait plus ou moins réquisitionné la suceuse-drague de la marine. Mais là où il était allé : pas de sable ! Je sais tout ça car j'ai lu son rapport : plein de vide. Il tenait d'un pécheur l'information que, «peut-être», il trouverait du sable en un certain endroit... Avec ça, tranquille !

Ici, comme plus tard en Côte d’ivoire, nous voisinons avec les fourmis rouges. Ce n’est pas un bon voisinage !

Quand je commence ce chantier, je demande aux ouvriers :

- Tout le monde sait nager ?

- Oui, oui, plus ou moins.

Ce qui semble assez normal pour des gens qui vivent au bord de l’eau....

Exemple d'autres récits de vie écrits (réservés à une diffusion familiale)